14 août 2013

Vous avez dit pénible ?

Notre premier ministre s'est offert une incursion dans le milieu des constructions de tunnels, c'est un scoop, et la ministre qui l'accompagnait à 5h du matin, Marisol Touraine avait vraiment l'air d'être tombée du lit.
 Je ne sais pas s'ils se lèvent souvent à cette heure pour aller bosser, mais c'est un bel effort que je salue. Ce qui me fait sourire , ce sont toutes les années de travail en moins auxquelles je pourrais prétendre. Dans le sujet télévisé sur les métiers pénibles et leurs exemples, je m'aperçois que je les ai pratiquement tous faits...
Eboueur à mineur travaillant de nuit dans la poussière des tunnels et exposé au produits toxiques et aux explosions journalières, mécanicien d'engins oeuvrant en région polaire ou tropicale, routier-manutentionnaire à poseurs de câbles dans les égouts parisiens, monteur en grue ou échafaudages perché à des altitudes indécentes, tout cela à des centaines ou milliers de kilomètres de la maison,  je me demande si la position assise à un bureau ne constitue pas pour moi le summum de la singularité.
Mais la dangerosité n'est pas forcément là où on l'attend.
Il y a probablement plus de suicides dans les tours de la Défense que sur un chantier d'autoroute ou de pont à haubans. Les conditions de travail sont telles qu'il ne faut se méfier que de soi-même, des engins ou des intempéries. Surveiller ou conduire des machines bruyantes et potentiellement dangereuses n'est qu'une question de formation et de professionnalisme.
Elles sont prévisibles, elles, du moins quand elles sont bien entretenues.
Rien à voir avec l'atmosphère délétère dont j'entends parler dans les sociétés, où la course à l'efficience est la norme, où la guerre pour la promotion est totale.
J'ai fait peu d'incursions dans ce milieu à part une fois en Israël, dans la société où mon frère travaillait et où je faisais un stage d'informatique. Là, c'était assez convivial et j'avais apprécié.
Mais c'était une boîte américaine avec des objectifs et des méthodes complètement différents.
En France, le marché du travail saturé de gens en théorie hyper-compétents les oblige à une surenchère de compétitivité où ce ne sont que les meilleurs qui gagnent. Ou les plus impitoyables.
Dans les métiers manuels aussi, il y a de la concurrence, mais il est beaucoup plus facile de voir qui est compétent et qui ne l'est pas. Et la plupart du temps, il n'y a pas d'individualité, le travail d'équipe prime et la difficulté crée des liens plutôt que des divisions.
Les conditions même d'un travail à risque et éreintant font fonctionner la solidarité et l'entraide. Il faut se surveiller mutuellement et ne pas laisser un collègue se débrouiller seul quand on peut l'aider.
La pénibilité au travail est un concept qui est à analyser attentivement avant de faire des lois inadaptées.
Il  y a des métiers moins dangereux à priori que je n'aurais fait pour rien au monde...
Passer ses journées au téléphone à essayer de vendre des produits et se faire insulter, conduire un bus scolaire ou RATP en Ile-de-France, travailler dans un open space, caissier de supermarché, un élevage de poulets, employé à France-Telecom, la liste est infinie, il y a comme cela des métiers que je trouve épouvantables et il me suffit dans les moments difficiles d'y penser pour que j'apprécie mon parcours.
Au moins, j'ai appris des tas de choses, j'ai vu du pays et surtout vu ailleurs ce que sont vraiment de conditions de travail difficiles.
Et j'ai toujours dit que je n'ai pas fait des métiers pénibles, j'ai exercé des métiers physiques, nuance...

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