Il est certain qu'un tel référendum en France eut donné bien d'autres résultats, les français étant les rois de l'utopie en ce qui concerne le pouvoir d'achat...
Vous avez le verbe haut et savez manier les foules, Mr Mélenchon, citant Victor Hugo, sans qu'il y ait eu la moindre chance , si celui-ci pouvait vous écouter, qu'il adhérât à vos idées révolutionnaires.
Mais lisez plutôt, c'est savoureux à souhait, et prenez-en de la graine, Mr le tribun communiste....Ceci est la réponse du berger à la bergère, d'un conseiller fédéral, ancien journaliste.
Cher
Jean-Luc,
Vous
nous plaignez d'avoir refusé deux semaines de vacances supplémentaires. Ainsi,
nous aurions été intimidés par nos méchants patrons.
Vous
précisez même : "Je comprends parfaitement que le patronat suisse utilise
tous les arguments, dont la peur et l'insulte, contre les travailleurs".
Je
ne doute pas que vous le compreniez : la peur et l'insulte, c'est votre truc.
Mais bon. Restons concentrés sur le fond de votre propos.
Vous
dites comprendre les patrons.
En
fait, vous ne comprenez rien du tout, une fois de plus.
Il
est vrai que nous avons refusé ce week-end l'initiative "six semaines de
vacances pour tous".
Pour
le reste, une ou deux précisions s'imposent.
Tout d'abord, une partie de la gauche était opposée à l'initiative.
Tout d'abord, une partie de la gauche était opposée à l'initiative.
Quant aux patrons, loin de la peur et de
l'insulte, ils ont agi avec responsabilité. Une responsabilité citoyenne. Un
concept qui vous échappe peut-être.
Ce
que les Suisses ont compris, eux, c'est que davantage de vacances, c'est plus
d'heures supplémentaires.
Ce
que les Suisses ont compris aussi, mon cher Jean-Luc, c'est que le patron est
le partenaire de l'employé.
Nous
appelons cela la paix du travail.
A
la grève systématique, nous privilégions le dialogue, le partenariat social.
De
vraies négociations branche par branche, entre gens bien élevés, sans peurs, ni
insultes.
Sans
méthodes de voyous.
Conséquence:
notre marché du travail est souple, flexible et redoutablement efficace. Sans
chômage, ou presque.
Le
choix du peuple suisse correspond à sa maturité politique. La démocratie
directe implique un grand sens des responsabilités.
Il
ne suffit pas de balancer des slogans en chantant Ferrat. Il faut penser aux
conséquences, aussi. D'ailleurs, le résultat de ce weekend n'est pas serré:
l'initiative pour plus de vacances s'est naufragée dans les urnes, faisant
l'unanimité des cantons contre elle.
En
Suisse centrale, l'objet a été littéralement balayé, rejeté par plus de 80% des
votants.
Avouez
que ça fait beaucoup de Suisses tétanisés par le patronat !
Et
la Suisse romande ne fait pas exception, bien que proche de vous. Certains
disent même que la proximité de la France a joué contre l'initiative: pour le
patron des patrons suisses, "le modèle français a fait figure de
repoussoir". Amusant.
Comme
toute la campagne en cours chez vous.
J'entendais
l'autre jour Philippe Poutou à la radio. Il est marrant, lui. Il parlait de
vous (entre autres). L'homme du Nouveau parti anticapitaliste y dénonçait
notamment les professionnels de la politique qui "ne connaissent rien au
monde du travail" (comme vous). S'en est suivi une apologie du candidat
salarié (comme lui).
L'homme
du combat contre le capitalisme n'en finissait plus de valoriser le salarié.
Sans se rendre compte, visiblement, que le salarié n'existe pas sans
"salariant". En français, son patron. Le capitaliste qu'il aime tant
détester.
D'abord
je riais, amusé. Puis je me suis rendu compte que j'étais d'accord avec Poutou
sur un point: celui qui vous concerne.
Il
y a quelque chose de bizarre à entendre ces pros de la politique qui ne
connaissent pas la réalité du monde du travail... mais qui en parlent quand
même !
D'abord
ça fait bizarre. Et puis, quand ils se mettent à critiquer des citoyens travailleurs
responsables, ça devient carrément surréaliste.
Je
ne sais pas ce que vous en pensez, mon cher Jean-Luc, vous n'en avez pas parlé
à Europe 1.
Vous
avez préféré poursuivre sur la voie de l'insulte et de la peur, en qualifiant
la Suisse de "coffre-fort de tous les voyous de la terre".
Ah!
Nouvelle erreur, mon cher Jean-Luc: la Suisse n'est pas un coffre-fort, la
Suisse est un pays de travailleurs dont vous devriez vous inspirer.
En
commençant par vous mettre au travail vous-même, au lieu de gloser sur les
vacances des autres, du haut de votre perchoir de rentier de la politique.
Non,
donc, la Suisse n'est pas un coffre-fort.
D'une
part - peut-être cela vous a-t-il échappé - notre pays renonce actuellement au
secret bancaire.
Mais
surtout, l'argent qui va bientôt inonder nos coffres ne sera pas celui de
voyous, mais d'honnêtes travailleurs français dont l'État souhaite confisquer
l'intégralité des revenus, ou presque.
Pour
financer, notamment, une partie de la campagne qui vous permet de nous assommer
publiquement de contre-vérités.
C'est
à se demander qui est le voyou : le travailleur, ou le politique qui vit de
l'argent du travailleur?
Dans
l'attente impatiente de vous réentendre parler de la Suisse, je vous adresse,
cher Jean-Luc, mes plus laborieux messages.
-Fathi Derder, né en1970, (41 ans), journaliste de formation, j'ai
travaillé pendant près de 12 ans la radio de service public (Radio Suisse
Romande), présentateur des matinales, grand reporter, puis rédacteur en chef
adjoint. En 2008, j'ai lancé une télévision privée régionale dont j'étais le
rédacteur en chef. Et depuis deux mois, je suis élu au Conseil national
(parlement fédéral) dans les rangs PLR (équivalent UMP, en un peu plus libéral,
plus centre).