Vous connaissez l'expression:"faire les 400 coups"?
Eh bien, c'est ici qu'elle est née, lors du siège de Montauban le 17 août 1621 .
Le 17 août 1621, Louis XIII et le connétable (le duc de Luynes) installent leur quartier général dans le château de Piquecos, à une dizaine de kilomètres au nord de Montauban, d'où ils dirigent le siège à la tête d'un troupe de 25 000 hommes et de 38 canons, faisant face à 6000 montalbanais armés de 40 canons et 32 couleuvrines.
De leur château, le roi, alors âgé de 20 ans, dispose d'une vue imprenable sur la ville de Montauban.
En arrivant en ces lieux, le roi n'a oublié ni ses plus fidèles conseillers militaires François de Bonne de Lesdiguières, François de Bassompierre, Henri de Mayenne, ni ses chiens de chasse. La prise des villages alentour ayant été accomplie, le siège de la citadelle peut commencer.
Ce que le duc de Luynes ne sait pas encore, c'est que les Protestants sont bien préparés : la récolte de l'été a été bonne, et le bétail a été rapatrié à l'intérieur de la cité.
Le matin du 17 aout, les guetteurs montalbanais voient arriver les premiers soldats provenant du village de Loubejac. De Luynes entend mener un siège très classique : des canonnades régulières s'effectueront en même temps que des sapeurs creusent des tranchées vers les murailles de la ville.
Les protestants montalbanais, qui sont commandés par d'Orval, Alexander Du Puy et le duc de La Force, mettent en place une défense acharnée de la ville, motivée par la foi religieuse.
Tous les jours, les treize pasteurs de la ville haranguent leur troupe, tout devient alors signe de protection divine : un arc en ciel après une tentative d'assaut infructueuse des Français, deux boulets tirés de extrémités opposées de la ville se cognent en l'air.
Le Bret, historien montalbanais, pointe aussi le rôle des femmes qui ont eu un rôle actif lors du siège, telle une jeune fille qui coupe les doigts d'un assaillant alors qu'il monte à l'assaut des murailles avec une échelle ; ou encore Guillaumette de Gasc, qui après avoir tué deux officiers ennemis avec une pique, meurt d'une décharge de mousquet.
Les assauts face aux solides murailles montalbanaises et à une population survoltée, s'avèrent aussi inutiles que gourmands en vies humaines : Le 27 aout, un assaut donné au bastion du Moustier laisse 600 soldats royaux à terre, et le 4 septembre, un assaut sur la rive gauche du Tarn (faubourg Villebourbon) laisse 300 morts, dont le marquis de Thémines.
Le 16 septembre, Mayenne est blessé à mort d'un éclat de plomb dans l’œil. Les sorties des soldats montalbanais, fréquentes et meurtrières, seront telles des épines dans le pieds des soldats royaux. La peste, fréquente à l'époque parmi la soldatesque, fait aussi des ravages dans les rangs royaux, et sera pour beaucoup dans la décision de lever le camp.
D'après la légende, Louis XIII, espérant encore une reddition rapide, ordonne une nuit d'octobre de faire tirer simultanément quatre cents coups de canon sur la ville.
Mais cela ne vient pas à bout de la défense montalbanaise. Les arrières de l’armée royale sont de plus harcelées par Henri II de Rohan basés dans la région de Renyès.
Après des tentatives de négociation avortées entre le duc de Luynes et Rohan, Louis XIII se voit contraint de lever le siège le 13 novembre 1621 et de gagner Toulouse, après avoir mis le feu aux installations de siège et aux villages alentours, dont le château de Montbeton.
Mais le roi ne s'avoue pas vaincu. L'année suivante, il revient dans la région en changeant de stratégie, préférant s'attaquer aux cités environnantes. Il prend Nègrepelisse, puis Saint-Antonin-Noble-Val, en juin 1622.
Montauban se retrouve alors isolée dans sa propre campagne, et les consuls de la ville sont de plus en plus enclins à négocier avec le roi.
La prise de La Rochelle en 1628 confirme le choix des consuls, et le 20 août 1629, la ville signe sa reddition au cardinal de Richelieu, sans pour autant avoir perdu de siège.
Dès lors, les autorités catholiques mettront un point d'honneur à recatholiciser Montauban, notamment par la construction de la cathédrale Notre-Dame, puis plus tard par une répression du culte protestant.
Observez la souche au milieu |
Centaure mortellement blessé |
Monument aux morts 1870 |
Impacts de boulet datant du siège |
Choeur de la cathédrale |