Tout d'abord une anecdote amère...Cette ville, capitale du nougat, produit à tout jamais associé à un épisode de mon adolescence parisienne...Je garde une rancœur tenace envers une grosse dame qui officiait à la Foire de Paris au début des années 70...
J'y allais chaque année pour y découvrir des produits venant de partout, et je m'étais cette fois-là arrêté devant le stand des nougats de Montélimar, appétissants et de toutes les couleurs...J'étais parti de la maison avec un billet de cent francs, somme conséquente à l'époque, plus de la monnaie pour l'entrée de la Foire.
Je goûte un nougat et je décide de m'en offrir un morceau...Je paie donc avec mon Voltaire (je crois que c'était lui sur le billet), et à ma grande surprise, la dame me rend 20 francs...
-"C'est tout?" m'exclamais-je!
-"Oui", me répond-elle, "c'est le prix".
Je suis resté coi et mes douze ou treize ans ne faisaient pas le poids face à cette matrone imposante...J'ai hésité, l'ai regardé, mais je suis reparti avec mon nougat, mes vingt francs et le sentiment de m'être fait escroqué en beauté.
Depuis quarante ans, je repense souvent à cette dame, qui elle, m'a oublié le jour même, de la bassesse de ses sentiments, de voler le seul argent à un ado en balade...
J'ai depuis ce jour, perdu beaucoup plus d'argent que je ne puis en compter, mais ces cent francs là me resteront à jamais en travers de la gorge et leur association avec le nougat indélébile...
Retour à Montélimar
Sous la pluie, dans un hôtel du nom de Beausoleil, l'ironie de la chose n'échappera à personne..
Du vent, de grosses gouttes qui tombent par intermittence, entre deux bruines.
L'hiver méridional est là, et ça rend le paysage plus morose, différent. Les gens aussi, et c'est normal, sont entrés dans leur configuration hivernale.
Les vêtements sont différents, le visage et les expressions idem.
Mais c'est ce que j'aime en France: la diversité des genres et des contextes, la variété des saisons et des comportements en fonction de celles-ci. J'ai travaillé un peu partout autour de la terre et c'est ce qui me manquait parfois, les saisons et leurs contrastes.
Demandez à n'importe quelle personne lambda vivant en France ce qui serait son rêve de vie.... Et la plupart répondra une île déserte, une plage de sable chaud, la mer bleue à l'infini et le soleil. Maintenant, mettez-les, comme moi je l'ai vécu, sur cette île pendant quelques mois, et il va vous supplier à genoux pour revenir se mêler aux gens, aller en ville, mettre des vêtements chauds et dévaler les pentes de ski...
J'en ai connus en Guyane, dans la boîte où je bossais, je faisais du dépannage d'engins en forêt amazonienne, de ces expatriés qui venaient de Normandie ou d'Alsace, bosser dans ce département français où la vie est si chère et les divertissements si rares.
Ils auraient donné un mois de salaire sans souci pour descendre les pistes, voir un automne en forêt, déambuler sur les remparts de Saint-Malo ou les créneaux de la cathédrale de Strasbourg.
Une chanson de Jean-Louis Aubert me revient à l'esprit, lui qui a bourlingué aussi, (je l'avais d'ailleurs rencontré à Nouméa en 83, quand le groupe Téléphone existait encore, je leur ai servi de taxi quelques jours), il parle de toutes les plages du monde où un enfant regarde au loin et rêve de venir ici.
Pour eux, là-bas, sur leur île dans l'océan indien, aux Antilles ou dans le Pacifique sud, pas d'avenir, le paradis, c'est ici...
Soyons heureux de vivre dans un pays tempéré, à l'abri des soubresauts de la Terre, provisoirement protégés des intempéries meurtrières - je dis provisoirement car les temps changent, la météo fait des siennes et même ici des tornades ponctuelles ont fait des ravages - la France est peuplée de gens qui devraient s'intéresser à autre chose que leur microcosme personnel et s'inspirer de l'esprit de ceux qui n'ont rien.
Quand on a rien, on profite de tout, et quand on a tout, on ne profite de rien. Parce qu'on a peur de perdre ce tout qui n'est rien en fin de compte.
Car même quand on a rien, on a le principal, la vie, et tant qu'on est en vie, on peut tout faire pour profiter de celle-ci....
Mais les critères ont changé, maintenant, même la notion de rester en vie longtemps n'est plus considérée comme une forme de victoire sur les vicissitudes de l'existence, sur une forme de sagesse qui nous donne l'impression d'avoir accumulé un savoir utile aux générations futures...
Nul ne va plus chercher l'ancien pour profiter de son expérience, de ses conseils. Pourtant, on a tout à en apprendre...
Au contraire, on le considère comme obsolète, telle une vielle voiture ou un frigo. Pour faire partie des privilégiés, qui tout comme une voiture de collection ou une œuvre d'art défiant les siècles, il faut sortir du lot, plaire aux jeunes et s'adapter à leur vision de la vie.
Dans ce registre, je pense à Jean d'Ormesson, académicien, pilier de la télévision, référence française ou feu Jean Dutourd, qui démontrent qu'on peut être à l'Académie Française et avoir de l'humour.
Sous les tombes de ces villages français, combien de milliers d'orfèvres qui sont enterrés avec leurs secrets, combien de mains habiles sont allées nourrir les entrailles de la Terre.
Il suffit de regarder autour de soi, sans chercher loin, pas besoin d'une cathédrale ou d'une statue monumentale.
Toutes ces parcelles de terre vallonnées, toutes ces routes, ces voies ferrées, ces édifices, ces fleuves domptés. Les hommes ont fait de leurs mains des choses merveilleuses.
Que reste-t-il de ce savoir aujourd'hui?
Quelques compagnons du devoir, quelques artisans isolés sont encore maîtres de la manière de créer, mais la grande majorité de la population ne sait rien faire d'autre que de consommer et croire qu'avec leur ordinateur portable et les logiciels attenants, ils construisent le monde.
Enlevez la fée électricité de la surface de la terre, et la population meurt.
Tout est virtuel, que font ces millions de gens enfermés dans leur tours vitrées, si ce n'est une ronde sans fin du pouvoir, des rivalités, de la possession et de la recherche à son paroxysme du Graal de notre civilisation., l'argent...
Je suis pareil, pas d'inquiétude, mais je suis un manuel, je fais des choses de mes mains, donc, je me sens utile et avec ma tête, je regarde le monde de ma fenêtre personnelle, je tire mes propres conclusions et si je me trompe, quelle importance?
Mais j'aime bien penser que j'ai raison.
Et avoir raison sur l'avenir désastreux du monde, ça change quoi?
Je constate que les leçons du passé n'ont rien donné, on a arrêté les guerres mondiales avec des soldats et des bombes, mais le résultat est le même, misère et destruction.
La guerre par le feu est différente, mais justement, est-ce qu'il ne faudrait pas parfois des épreuves horribles comme celles qui sont arrivées, et qui, au bout d'à peine un siècle, sont sorties des mémoires?
Et retrouver les valeurs qui font que l'homme est un être intelligent, soit, entre autres, la solidarité, le courage, le partage et l'inventivité, l'imagination, l'envie du beau...
Tant de choses me passent par la tête quand je suis loin de chez moi, que je vois tant de gens et de contextes différents, que je me sens obligé de mettre ceci sur un support, même si personne ne lit.
Ne pas le faire me frustrerait....
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