Je me demande s'il a suivi l'histoire de ce territoire que je connais assez bien, j'y ai vécu un moment en 1983, mais qui a bien changé...J'y suis retourné en 2008 avec mon fils et j'ai été fort déçu.
La première fois, j'y suis allé surtout pour faire le jeune désoeuvré, revenant de treize mois d'hivernage en Terre Adélie, et plutôt désireux de faire la fête et de profiter du soleil du Pacifique Sud. Mission accomplie, et ce fut, avec le recul, une bonne idée de faire cette folie.
Ce serait un très grand luxe de refaire la même chose maintenant et je n'ai plus le même âge. Aucun regret, car la suite montra que ma vie ne fut plus du tout aussi amusante et exempte de soucis comme j'avais pu le connaître à cette période.
Le retour sur place était le fruit d'une longue réflexion sur la raison qui m'avait fait quitter le caillou au bout d'un an, alors que j'aurais pu faire carrière dans les mines de nickel.
Ce voyage sur place 25 ans plus tard m'a réconcilié avec le grand sentiment de regret que je trainais derrière moi. Je n'ai pas retrouvé ce dont je me souvenais, la magie et l'ambiance de 1983, malgré les évènements qui s'y déroulaient à l'époque.
Juste un petit bout de France avec les mêmes comportements incohérents et destructeurs qui en font la particularité.
Des bâtiments qui avaient poussé comme des champignons et, semble-t-il, dans le plus grand désordre. Contrairement à l'Australie que je venais de parcourir rapidement et dont j'avais visité la grande Barrière, celle de Nouvelle-Calédonie était laissée sans surveillance particulière et à la merci des touristes destructeurs et ignares de la fragilité de la faune et de la flore.
Le reste de l'Île était à l'avenant, parcourue par des véhicules pourris en fin de vie, bas de gamme pour la plupart, le centre de Nouméa laissé plus ou moins à l'abandon, pour ce que j'en ai vu, sillonnée par des canaques imbibés d'alcool, et vindicatifs. Au moins, cela n'a n'avait pas changé avec les Mélanésiens. Ils étaient aussi violents que dans mon souvenir.
François Hollande arrive dans ce territoire pour une visite éclair, louant nos ressortissants du bout du monde et félicitant nos avoirs en matière de gisements et la technologie qui fait de cette mine la troisième en tant que fournisseur de nickel dans le monde.
Il a pris soin de ne froisser personne, laissant aux Calédoniens le soin prendre la décision de l'indépendance, ce qui, à mon humble avis, serait une belle erreur. Le territoire comprenant les mines, les eaux territoriales est gigantesque , et déjà l'Australie et le Canada lorgnent dessus.
Les fortunes locales sont colossales et les spéculations lucratives sur le marché du nickel promettent de beaux jours aux investisseurs et font déjà des heureux..
Tout comme la Polynésie, les distances font de ces territoires un endroit rêvé pour y magouiller à loisir, jouant des permis de construire et des autorisations comme un territoire féodal laissé à la discrétion de son seigneur.
Jacques Lafleur y a construit un empire, sa fille continue, et ce sont ses possessions que j'ai découvert, éberlué, sur l'anse Vata, une page autrefois magnifique, maintenant, envahie de complexes de dix étages en bord de mer..
C'est pour cette raison que je ne regrette pas de ne pas y être resté. Et comme toutes les îles, on en fait le tour assez vite. Il faut avoir les moyens de posséder un bateau, une belle résidence et prendre le temps de parcourir l'océan alentour. Alors là, ce peut être une bonne idée de s'y installer.
Mais surtout, revenir en métropole de temps en temps.