Je suis à Lozanne, le français, pas le suisse
Tout d’abord, ce n'est pas du tout dans le même quartier, et ce n'est pas une dérive de langage puisque Lozanne vient de l'Hosanna, cantique chanté pendant les Rameaux, et Lausanne de Lousonna, un gallo-Romain de l'époque d'Astérix:-)...
l'une a 2400 habitants, l'autre 342000, celle-ci n'a absolument rien à dire sur son histoire, celle-là me prendrait des heures pour narrer une simple page de sa riche existence.
Comme partout dans la région, c'est une ambiance de labeur qui transparaît. De l'agglomération lyonnaise jusqu'à Montélimar, ce ne sont que des industries qui sillonnent les bords du Rhône. Et encore, ce n'est rien par rapport à ce que cela fut autrefois.
Des usines chimiques, pétrolières, des fabricants de matériaux divers sont disséminés tout au long du fleuve et, s'ils participent à l'essor de la région, ils n'en demeurent pas moins très peu attractifs.
Même le Nord de la France, qui fut pendant des décennies, défiguré, fouillé jusque dans ses entrailles pour en extraire les ressources charbonnières, a retrouvé un visage agréable depuis quelques années.
Il ne suffit pas fermer les usines et de réemployer ses ouvriers, il faut aussi les démonter et nettoyer pour que le paysage rénové apaise le regard et l'âme.
Rien de tout cela dans la région, il faut descendre bien plus bas pour que les usines disparaissent, mais pas la saleté, et encore moins le civisme des habitants.
On dirait que la propreté est un concept qui n'existe que dans son propre intérieur, dans son propre univers.
On nettoie chez soi, devant sa porte, mais pas plus loin. Ailleurs, ce sont les Autres qui se chargent de cela. Un exemple: je vais ce week-end dans un résidence flambant neuve à Gradignan, proche de Bordeaux. Les gens commencent à emménager et il est bien spécifié de ne pas jeter ses cartons d'emballage entiers devant le bâtiment, sur le trottoir. Il est si simple de les plier et de les ficeler en un paquet compact facile à manipuler. Las! Les jardins ne sont pas commencés que c'est déjà un dépotoir.
Mais je suis certain que leur nouveau foyer brille comme un sou neuf entre les murs.
La France est un pays de cochons, je m'en aperçois chaque jour que j'arpente cette pourtant belle contrée.
Le contraste me semble de plus en plus fort à chaque fois que je rentre en Suisse, c'est-à-dire chaque fin de semaine. Et pourtant, je suis né à Paris, au temps où les forts des Halles sillonnaient la rue Lescot,avant de s'encanailler rue St-Denis et que la capitale sentait plus le charbon et la sueur que maintenant.
Ce n'est que le reflet de l'âme des gens, apparemment propre et limpide, bien sur eux, apprêtés et maquillées pour ces dames, mais dont il suffit d'enlever le vernis pour en découvrir les travers et la noirceur.
Tout comme la résidence dont je parlais précédemment, où les jardins non terminés révèlent sous la fine couche de terre tous les détritus enterrés là par les ouvriers, les morceaux de plastique, les déchets d'un chantier qu'il a fallu finir à toute vitesse pour respecter des délais imposés par le profit.
Petit à petit, ma pensée se dirige ainsi vers notre besoin de tout précipiter, de tout finir le plus rapidement possible afin de...
De quoi? Vivre dans un environnement bâclé, formaté, dont les murs sont à peine secs?
Afin de pouvoir dormir en vitesse, d'aller vite travailler, et de rentrer pour y faire vite des enfants qui vont se dépêcher de grandir afin de mieux vivre et de kiffer la life sur Facebook.
À plus, je dois me hâter d'arriver à destination...Je me suis dépêché d'aller à Bordeaux, je dois maintenant rentrer là où mon travail nomade m'amène, à Orange.
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