Verdun est connu plus que la bataille de la Somme, malgré des pertes un peu moins stratosphériques, car presque tous les soldats français y sont passés par le biais de la relève.
Le général Pétain avait mis en place un système qui stipulait qu'à la perte d'un tiers des effectifs d'une division, les hommes se voyaient mutés sur un autre lieu de la ligne de front. De cette manière, tout le monde avait le triste privilège de passer par l'enfer de Verdun, mais en sachant que s'il en sortait, il n'y reviendrait plus.
(Pourquoi s'étonner, dès lors, qu'après avoir été nommé à la tête de l'état en 1940, il ait signé l'armistice suite à la déblacle de l'armée française. il a pour moi sauvé des milliers de vies. Je pense que tout homme ayant vécu les horreurs des tranchées ne souhaite les voir se reproduire. La défaite n'est pas la mort, la revanche n'est pas un vain mot, mais un objectif. )
Et c'est donc par la "voie sacrée", départementale qui relie Bar-le Duc au front, que les hommes et les matériels furent acheminés pendant les 10 mois que dura cette bataille. Le réseau ferré était inexistant sur cette portion du territoire français, les routes à peine esquissées, et la frontière instaurée en 1871 passait alors à proximité. Les forts de Vaux et Douaumont entre autres étaient en piteux état, mal défendus au début de la guerre et les allemands, eux, avait toute la logistique appropriée sur leur territoire.
Ce fut la raison de leur choix pour l'attaque du 21 février 1915.
60 millions d'obus furent tirés jusqu'en décembre....
C'est un endroit particulier, qui mérite le respect de la mémoire. Il est pour moi le plus représentatif de ce que peut faire la bêtise humaine, plus encore que d'autres lieux de mémoire de la seconde guerre.
Je n'ai pas tout vu, le temps était à la hauteur de la réputation de ce lieu historique. J'ai commencé par le mémorial, ses reconstitutions et vestiges très bien restitués. Je suis resté stupéfait par le pantalon rouge que portaient les soldats au début du conflit...Bien sûr, la couleur du sang ne ressort pas, mais comme mire, c'est parfait...
Les manuels scolaires ont toujours occulté les faits qui nous permettent de maintenant admirer 36000 monuments aux morts dans chaque commune de France, plus les colonies que l'état entretenait Outre-Mer.
J'ai lu hier un livre, un parmi tant d'autres sur ce conflit, et le meilleur paragraphe que j'en ai retenu, c'est qu'aucun général, maréchal ou officier de haut rang qui ait pris part à cette boucherie, par les ordres qu'il a donnés, ne mérite les honneurs qu'il a reçus, les rues qui portent son nom, ou les médailles qui ornent sa stèle.
Le fort et l'ossuaire de Douaumont où gisent 130 000 soldats, eux sont impressionnants par le souvenir qu'ils laissent...
Enfin, certaines destinations font rêver, d'autres frissonner, celle-ci fait réfléchir à ce dont la soi-disant humanité est capable. Dont le nom lui-même devient usurpation en de telles circonstances.
