Tout d'abord, aucune des personnes présentes sur terre aujourd'hui n'était née, à part quelques rares centenaires, et ils étaient bien trop jeunes pour avoir eu une quelconque influence sur le sort de l'humanité en ces temps agités de 1914.
Il y a eu depuis plusieurs dizaines de millions de morts par faits de guerre, civils ou militaires, dans des centaines de conflits.
Il y a eu bien plus de décès par maladie, épidémie, catastrophes naturelles, accidents de véhicules automobiles, aériens et maritimes.
Mais il y a environ deux milliards de naissances par an pour compenser.
Donc, on continue à se taper sur la tête sans crainte.
100 ans, c'est déjà trop long pour une génération entière de jeunes gens qui trépignent d'impatience à faire le "Jihad", à envahir son voisin, à envoyer des missiles sur les villes.
Les horreurs d'une guerre passent rarement le cap d'une génération. Les plus grandes souffrances sont tues et la mémoire collective veut oublier.
Ce qui entraîne une méconnaissance des tragédies, des dégâts physiques et psychologiques qu'une guerre à l'échelle mondiale peut entraîner.
Il y a cent ans, des jeunes gens partaient la fleur au fusil, comme on dit, repousser l'envahisseur germanique et récupérer l'Alsace et la Lorraine, prises en 1870.
Il y avait une revanche à prendre.
Ce serait vite fait et on serait rentrés pour Noël. On avait laissé en plan les moissons et les usines, rejoint l'uniforme et déserté les villages. Les femmes devraient se débrouiller.
A la fin du mois d'août, la France a perdu 206 515 hommes, dont 20 253 tués, 78 468 blessés et 107 794 disparus, l'Allemagne, de son côté, perdait 136 417 hommes , dont 18 662 morts, 89 202 blessés et 28 553 disparus.
Dans les Ardennes, le 22 août fut le jour le plus meurtrier avec 80 000 pertes dont 15 000 morts allemands et 25 000 morts et disparus français!
Ceci le premier mois de la guerre et cela durera quatre ans. A cette époque, les gars creusaient des tranchées et commençaient à regretter les bras de leur femme.
Vous me lisez, jeunes gens ???
Je pourrais m'adresser également aux politiques et aux dirigeants qui normalement ont assez d'éducation pour connaître les erreurs du passé.
Vous vous rendez compte de ce que représentent en matière de désespoir, de chagrin et de potentiel humain des chiffres pareils?
Et il faudrait que pour vous, ce ne soit que des chiffres abstraits dans les livres d'histoire?
On devrait enfoncer ces chiffres dans la caboche de ces jeunes qui ne rêvent que de combats héroïques à coups de crosse et de baïonnette, comme les poilus en échangeaient.
Même si les actuels djihadistes ont peu de chance d'avoir un aïeul mort dans les tranchées, vu qu'il élevait des chèvres au milieu des cailloux d'Anatolie.
Je tiens seulement à remettre en mémoire ce que tout le monde veut oublier, alors que c'est une erreur.
Nous avons la capacité de retenir et de transmettre à nos descendants notre vécu et nos acquis, heureux et malheureux, il faut en tirer profit.
J'ai la chance de faire partie de la première génération à ne pas avoir connu de guerre, je m'en rends bien compte... Je possède une grande connaissance des deux conflits majeurs du siècle passé et une bonne des autres conflits comme la Corée et le Vietnam, entre autres.
Je n'ai pas la connaissance de Jean-Yves Lenaour sur le sujet, mais j'ai suffisamment d'éléments pour savoir que nous sommes presque dans les mêmes conditions qu'au début du premier conflit mondial.
Cela commence par un détail, un attentat, un accrochage local, une guerre inter-ethnique, une mésentente sur un territoire.
Cela ne vous rappelle rien?
Que se passe-t-il en ce moment?
La Palestine affole les médias, partage les opinions, échauffe les esprits. L' Ukraine sert de prétexte à l'occident pour chercher des noises à Poutine, le Nigéria fabrique des terroristes qui enlèvent les jeunes filles et les femmes de ministre. On veut faire payer des arriérés à l'Argentine, et c'est à l'avenant dans le monde entier.
Le monde veut en découdre.
Qui sera le gagnant? Personne, tout reviendra à l'identique après le désastre, comme à l'habitude.
Des millions de personnes vont souffrir pour des choses qui ne les concernent pas, et au bout du compte, la biographie du monde ne sera que réécrite.
Jusqu'au jour où plus rien ne pourra continuer, la bataille s'arrêtera faute de combattants et la Terre pourra enfin revivre.
En attendant, rien ne saura arrêter la folie destructrice qui est l'apanage de l'être humain, sa signature dans l'Histoire.
J'aurais pu vous parler d'une autre chronologie qui s'est déroulée pendant le même laps de temps, des choses heureuses, des progrès fantastiques de la science, de l'amour éternel qui permet de surmonter les épreuves, de l'espoir, de l'utopie qui nous fait croire que cela va s'arranger.
Ce sera pour une prochaine fois, moi aussi , au fond de moi, je me plais à rêver de l'Eden...